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DECOUVERTE DE MON PROCESSUS DE TRAVAIL

Dans le monde du tatouage, ma méthode et mon travail sont souvent considérés comme singuliers, voire atypiques. Certains les trouvent même perturbants ou incompréhensibles. Je reconnais que mon approche peut sembler relever de la science-fiction pour les non-initiés. Il est important de souligner que je ne prétends en aucun cas être un bon tatoueur. En effet, la qualité de mon travail ne se résume pas à une maîtrise technique rudimentaire et parfois accessoire, car l’art a maintes fois prouvé que la créativité ne se mesure pas à cette finesse. L’art est une oreille portée vers l’infini existant, ayant le pouvoir de transmuter les messages invisibles dans la matière. Cela peut sembler étrange pour certains, mais peut-être n’ont-ils jamais vraiment exploré le domaine de l’art.

Mon approche ne se limite pas à l’aspect visuel du tatouage. Ce n’est pas un choix ou une limitation, mais simplement parce que cela ne correspond pas à ma personnalité et à mon modèle cellulaire. Pour moi, chaque tatouage est une expérience créative et expérimentale authentique que je partage avec mes clients. Mon objectif n’est pas de rechercher une beauté universelle, car cette notion est subjective, influencée par l’éducation, l’expérience et la culture de chacun. Elle varie d’une personne à l’autre, d’un groupe d’individus et même d’un groupe à un autre au sein de la communauté des tatoueurs.

Il est crucial de comprendre que lorsque je tatoue un client, je ne crée pas un dessin selon mes propres envies. Je conçois le tatouage en réponse aux désirs et aux besoins du client. Cela peut sembler évident, mais cela implique une imprévisibilité générale, car si le dessin répond à des besoins qui ne sont pas les miens, où se situe la frontière entre ce qui me plaît et ce qui plaît au client, entre un dessin qui ne me plaît pas mais plaît au client ? Le positionnement n’est pas évident dans la réalité des faits.

Cela signifie également que mes clients doivent être prêts à recevoir quelque chose d’inattendu. Notre identité sociale, construite dès notre enfance, nous éloigne souvent de notre véritable essence. Il est donc essentiel que mes clients soient capables de ressentir ou d’identifier leurs véritables besoins et désirs. C’est là que j’interviens, car mon dessin doit refléter la véritable essence de chaque client, unique dans l’univers.

La première étape de ce processus peut être déstabilisante pour moi, car elle s’oppose naturellement aux limites imposées par le mental : le contrôle. Mon mental voudra contrôler et intellectualiser le dessin que je vais créer. Si je le laisse faire, c’est l’échec assuré. On crée avec le cœur, pas avec le cerveau. Je le répète pour tous les créatifs : si vous intellectualisez vos créations, vous n’êtes plus dans la création.

Le dessin que je propose peut régulièrement ne pas me plaire, mais cela ne fait que renforcer ma conviction. Pour illustrer, imaginez-vous chez le coiffeur, vous lui faites très confiance et lui dites : « Faites-moi quelque chose de différent de d’habitude, je veux que cela me corresponde vraiment. Lâchez-vous. » Il est fort probable que vous soyez surpris ou déçu par le résultat, car étant habitué à visualiser les goûts et objectifs de ce que vous estimez être personnel, une vision différente de votre version peut être terrible à accepter. C’est une expérience similaire dans ma pratique du tatouage.

En effet, je ne peux pas tatouer n’importe qui. Le client doit comprendre que ce qu’il va recevoir ne correspond pas nécessairement à sa propre vision et peut même répondre à quelque chose en lui qu’il ignorait. C’est là que réside la fascination du processus de création : la résilience.

Lorsque les clients me contactent, je leur envoie un formulaire détaillé à remplir, peu importe leur demande. S’ils sont acceptés, nous engageons une conversation en direct, par visioconférence ou en personne à l’atelier. J’ai mis en place un protocole de questions qui me permet de comprendre les motivations profondes de chaque client. Car le désir de se faire tatouer émerge toujours du subconscient, comme une réponse à un besoin ou à une problématique intérieure accumulée, organisée de manière sophistiquée par le temps.

Mon processus est simple : comprendre le besoin réel du client, remonter le temps et identifier l’élément créateur de ce besoin, puis visualiser dans le futur les changements visés par cet élément créateur. Le dessin que je propose connecte ce changement, même si le client n’en a pas encore pleinement conscience.

C’est ainsi que mes clients vivent une expérience extraordinaire. En tant qu’individu conscient de mes capacités, je joue le rôle de cette antenne transmettant des informations entre les différents plans d’existence de mon client. Le tatouage devient alors bien plus qu’un simple dessin ; il achève un schéma d’évolution très complexe.

Cependant, je comprends que pour beaucoup, il est difficile de saisir quelque chose d’aussi insaisissable que le processus créatif. C’est pourquoi j’ai utilisé des mots simples pour l’exprimer ici. Si la curiosité vous pousse, je développerai ces concepts, aujourd’hui au cœur des changements les plus puissants de notre ère moderne, plus en détail dans les pages à venir.

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